7 films d'horreur pour un Halloween féministe
Halloween approche à grand pas, l'occasion de se préparer une petite soirée frissons ! Et comme on est là pour te parler féminisme, voici une liste de films d'Halloween féministes et/ou avec des meufs badass !
"A Girl Walks Home Alone at Night" d'Ana Lily Amirpour (2014)
“A girl” est une super-héroïne vampire qui sort la nuit pour se nourrir du sang des hommes qui maltraitent les femmes. Le rôle tenu par Sheila Vand pourrait n'être qu'un vampire moral qui décide de ne s'en prendre qu'aux méchants, mais c'est son parti pris féministe lui donne une facette de super-héroïne. Une super-héroïne ténébreuse avec qui on ne plaisante pas. Elle arbore son voile comme une cape de Dracula, renversant le schéma de la femme qui a peur de sortir dans la rue la nuit en devenant celle qu'il faut craindre.
“A girl” n'est jamais nommée, parce qu'elle nous représente toustes dans cette situation malheureusement quotidienne : le fait de sortir seul.e le soir sans pouvoir être tranquille.
Premier long-métrage de la réalisatrice et scénariste Ana Lily Amirpour, A Girl Walks Home Alone At Night est une œuvre atypique, aux partis pris audacieux, qui ne peut laisser indifférent.e.
"Les sorcières d'Eastwick" de George Miller (1987)
Ce film dresse le portrait de trois femmes indépendantes dans la petite ville puritaine d'Eastwick. Aucune ne correspond à l'image "standard" de la femme parfaite : Alex est veuve, élève seule ses enfants et vit de ses sculptures ; Sukie est mère célibataire avec six enfants à charge, et mène de front sa carrière de journaliste ; Jane, fraîchement divorcée, est professeure de musique et violoncelliste.
Les trois amies, lors d'une de leurs soirées hebdomadaires, vont souhaiter l'arrivée d'un homme idéal et, comme par magie, Daryl (incarné par Jack Nicholson) va faire son apparition en ville. Il va tour à tour s'intéresser à chacune des trois femmes et lier une relation particulière avec elles. Il les invite à assumer pleinement qui elles sont : leur féminité, leur sexualité. Cette libération du féminin va leur conférer des pouvoirs magiques de plus en plus puissants.
Ces trois femmes fortes sont interprétées par des actrices remarquables : Michelle Pfeiffer, Susan Sarandon et Cher (à retrouver dans notre jeu Bad Bitches Only - Music Edition).
Le film célèbre ces trois femmes fortes, qui vont s'unir pour combattre ensemble les carcans imposés par les habitants de la ville mais surtout par Daryl, dont les intentions ne sont pas si bienveillantes qu'il veut leur faire croire. Ce film fantastique est empreint de féminisme et de sororité, tout ce qu’on aime !
"Grave" de Julia Ducourneau (2016)
Dans son premier long métrage, la réalisatrice française Julia Ducournau met en scène une jeune élève surdouée, Justine (Garance Marillier), qui intègre une école vétérinaire dans laquelle toute sa famille a étudié. Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. Après son bizutage où elle est forcée à manger de la viande crue pour la première fois de sa vie, Justine se découvre un goût particulier pour la chair humaine.
Grave est un film sur le cannibalisme, mais aborde également les thèmes de l’éveil de la féminité, du corps, de la sexualité d'une jeune femme.
Justine suit la tradition familiale sans poser de questions : tous sont vétérinaires, tous sont végétariens. Mais elle va devoir aller au-delà de ce que sa famille impose comme "normalité", de ce que la société impose aux individus, pour comprendre qui elle est vraiment et prendre par elle-même la décision de qui elle veut être.
C'est aussi un personnage d'adolescente qui, pour une fois, va faire la découverte de son désir sexuel non pas par un prisme romantique ou amoureux, mais de manière plus instinctive et bestiale.
"Ginger Snaps" de John Fawcett (2000)
Ginger Snaps revisite le film de loups-garous, un sous-genre du cinéma d’horreur encore très masculin. La plupart du temps, les films de loups-garous métaphorisent la puberté d’un jeune garçon faisant face à l’émergence de sa sexualité. Dans Ginger Snaps, le même récit est repris mais transposé à l’expérience d’une adolescente, et de l’émergence de ses désirs sexuels. Les transformations de Ginger se synchronisent avec ses menstruations.
Le féminisme subtil du film repose sur la dualité du personnage principal. Ginger est à la fois une créature cruelle, dangereuse, arrogante, mais aussi une héroïne indépendante, guidée par son plaisir et en total contrôle de son corps.
Le film s'inscrit dans l'héritage de Carrie (Brian De Palma, 1976) et il inspirera quelques années plus tard le trop méconnu Teeth (Mitchell Lichtenstein, 2007) ou encore Jennifer's Body (Karyn Kusama, 2009). Mais contrairement à ces deux films centrés autour d'héroïnes solitaires et mal aimées, Ginger Snaps prône l'amour et la solidarité entre les deux sœurs, Ginger et Brigitte.
"Us" de Jordan Peele (2019)
De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants : Zora et Jason. Un traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle aime. Après une journée tendue à la plage, les Wilson rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main dans leur allée. Ils vont alors affronter le plus terrifiant et inattendu des adversaires : leurs propres doubles.
Us se saisit de l'intersectionnalité du black feminism. La protagoniste, Adelaide, incarne d'abord le stéréotype de la femme à secourir (la "damsel in distress"), une mère traumatisée et paranoïaque qui supplie son mari de rentrer de vacances. Puis finalement c'est elle qui mènera le combat contre les doubles qui l'accablent.
Son instinct très protecteur la rapproche d'un autre stéréotype raciste, celui de la "Mammy" (c'est à dire la domestique nounou et bonne cuisinière). Mais contrairement à l'archétype hérité de la période esclavagiste, Adelaide ne protège pas les enfants Blanc·hes de ses maîtres, mais les siens. Une inversion afro-féministe puissante. L'empowerment de cette héroïne noire permet aussi de rebattre les cartes de la lutte sociale.
Le twist final questionne de manière révolutionnaire les privilèges de race et de classe. Et, en plus, notre Bad Bitch Lupita Nyong'o joue dedans !
“Ma” de Tate Taylor (2019)
Sue Ann, une femme solitaire vit dans une petite ville de l’Ohio. Un jour, une adolescente ayant récemment emménagé, lui demande d’acheter de l’alcool pour elle et ses amis ; Sue Ann y voit la possibilité de se faire de nouveaux amis plus jeunes qu’elle. Elle propose aux adolescents de traîner et de boire en sûreté dans le sous-sol aménagé de sa maison. Mais Sue Ann a quelques règles : ne pas blasphémer, l’adolescent qui conduit doit rester sobre, ne jamais monter dans sa maison et l’appeler MA. Mais l’hospitalité de MA commence à virer à l’obsession. Le sous-sol qui au début était pour les adolescents l’endroit rêvé pour faire la fête va devenir le pire endroit sur terre.
Ce film ne se revendique pas spécialement féministe. Cependant, il est intéressant de l’inclure dans nos recommandations, d’un point de vue intersectionnel. En effet, les personnes noires ont longtemps été invisibilisées dans le cinéma. La majorité des personnages (victimes, héro·ïnes, tueur·ses, monstres) sont blanc·hes. Dans le cinéma d’horreur, la survie des quelques personnages noirs y est très limitée. Dans Ma, la tueuse est interprétée par la superbe Octavia Spencer, et rien que pour cette raison, ça vaut le coup de voir le film !
“Deux soeurs” de Kim Jee-woon (2003)
Su-Mi et Su-Yeon, deux sœurs, rentrent chez elles. Leur belle-mère les accueille mais Su-Mi l'évite volontairement et Su-Yeon semble en avoir peur. Un jour, le frère de la marâtre et sa femme leur rendent visite. Pendant le dîner, elle aperçoit un fantôme et des événements étranges se produisent. Le fantôme d'une petite fille hante en effet la maison. Les oiseaux meurent. Persuadée que leur mort est due aux agissements de Su-Yeon, la belle-mère l'enferme dans un placard. Le conflit entre la marâtre et les deux jeunes sœurs ne fait que commencer…
Entre les rebondissements en pagaille et les moments de frayeur, les protagonistes et la.e spectateurice fusionnent, tout comme les points de vue et les personnalités se mêlent. La mère défunte dont l’existence est racontée par quelques vieilles photos, et la nouvelle épouse qui investit (envahit?) les images puis la demeure encore habitée par le passé. Ou deux sœurs qui semblent parfois ne plus faire qu’une dans le blanc des draps tâchés par leur sang. Seul le père anéanti semble loin des rixes féminines et des tensions sexuelles – car en tant qu’homme, il est exclu du cercle des créatures fantastiques.
On retrouve, comme dans Ginger Snaps, un duo de sœurs. Su-Mi et Su-Yeon sont deux personnes fortes et indépendantes. Mais leur duo fonctionne si bien qu’elles semblent tout de même se confondre l’une dans l’autre. Les deux sœurs représentent la puissance de la sororité.
Dis nous quel est ton film d'Halloween préféré ! Et pour animer ta soirée d'Halloween, en before de tous ces films à voir, pourquoi pas faire une partie de notre jeu féministe Bad Bitches Only. Pour (re)découvrir plein de personnages féminins badass de film - comme Elle Ripley dans Alien - et bien d'autres !
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